Outre les aspects networking, quelques questions reviennent systématiquement lors des échanges :
- Comment passer du public au privé ?
- Comment valoriser son expérience de thèse pour une carrière dans le privé ?
- Quelle est la valeur ajoutée d'un MBA (Master of Business administration) lorsqu'on est titulaire d'un PhD ?
Des questions auxquelles nos consultants ont eu à faire face dans leur parcours et ont pris plaisir à partager leur expérience lors de cette soirée.
Après plusieurs échanges constructifs autour de cette problématique récurrente qu'est « La thèse oui, non et après ? » ; nous avons souhaité apporter de manière plus élaborée, des éléments de réponses qui pourront contribuer à la réflexion des doctorants et futurs doctorants dans la construction de leurs projets professionnels.
D'après notre observation, il apparait que les jeunes chercheurs en post-doctorat s'inquiètent de leur profil typiquement universitaire (axé sur la recherche fondamentale) pour pouvoir intégrer le secteur privé en R&D. En effet, leur vision du secteur privé en R&D se résume souvent à des grands groupes qui recrutent majoritairement des ingénieurs et des doctorants en contrat CIFRE. Cependant, la compétitivité internationale et la course à l'innovation créent un besoin non négligeable de profils hautement qualités en R&D au sein des ETI et PME (start-ups y compris). De par leurs expertises scientifiques et techniques ainsi que leur aptitude à gérer des projets de R&D, les post-doc (et jeunes docteurs) ont bien leur place au sein de ces entreprises. Par conséquent, dans sa recherche d'emploi dans le secteur privé, le défi du jeune chercheur sera de parvenir à présenter ses travaux de thèse (et/ou de post-doc) de manière simple, en les mettant en perspective avec des problématiques industrielles.
Pour les doctorants, la question du « que faire après la thèse ? » présente en général plusieurs variables, au point d'installer le doute chez le doctorant vis-à-vis de ses aspirations et intérêts personnels. En effet, entre le choix de continuer dans la recherche fondamentale via un post-doc et celui de rejoindre le secteur privé en recherche appliquée, s'installe la tentation de rejoindre un cabinet de conseil (stratégie, management, finance et innovation) ou la possibilité de faire un MBA. Que de belles perspectives me direz-vous ; de quoi perdre son chemin de Damas.
Commençons par la question MBA. Il est évident que la valeur ajoutée du MBA pour un profil de docteur est considérable. En effet, un expert de la sphère technique qui sait comment valoriser et commercialiser son produit a tout gagné. Inversement, un entrepreneur potentiel qui sait traduire un besoin de société en une problématique technique, en mettant en évidence les axes R&D du projet d'innovation qui répondra à ce besoin, a tout compris. D'une manière prosaïque, le MBA permet à un profil purement technique de lever la tête du guidon, afin de voir plus loin. Cependant, rien ne presse en ce qui concerne l'intérêt pour une formation MBA. Les écoles doctorales apportent déjà le minimum de connaissances nécessaires aux doctorants en matière de business et innovation.
Quant à l'éventualité de rejoindre un cabinet de conseil immédiatement après la thèse ; il faut reconnaitre que le milieu du conseil est assez attractif du point de vue financier. En effet, bien que l'industrie du conseil présente de nombreux attraits (diversité des prestations, secteur d'activité dynamique, rémunération), il est important d'accepter de s'éloigner du quotidien d'un cadre de recherche du secteur public ou privé. Avec la diversité des missions et des clients, le développement de son réseau professionnel et les niveaux de rémunération, il est facile pour tout jeune cadre dynamique de s'épanouir dans le milieu du conseil. Cependant la déconnexion totale avec « la technique pure et dure » et la rareté des sollicitations intellectuelles de type doctoral (dans certains cas), peuvent être assez frustrant pour certains jeunes docteurs. Une chose est certaine, après une première expérience professionnelle dans le secteur privé ou public, il est toujours possible de rejoindre l'industrie du conseil. L'inverse est plus dificile lorsqu'il s'agit du secteur public.
En ce qui concerne le choix de faire carrière en R&D public ou privé, la question ne se pose pas. Ou plutôt, elle ne devrait pas se poser. En effet, après trois ans de thèse, le jeune docteur sait déjà s'il souhaite ou non faire sa carrière dans la recherche publique. Idéalement, l'après-thèse se prépare dès le début de la troisième année de doctorat. Il incombe donc au doctorant de construire progressivement son projet professionnel en prenant en compte tous les leviers permettant d'atteindre son objectif : le post-doc est évidemment l'un de ces leviers. De plus, à l'instar des universités américaines, nos universités et grandes écoles s'ouvrent de plus en plus à l'innovation et à l'entreprenariat. Une initiative complémentaire à la formation doctorale qui facilite l'entreprenariat au sein des laboratoires universitaires. C'est une option non-négligeable pour les jeunes chercheurs intéressés par les aspects innovation et business.
Quant aux étudiants en Master 2, la question de s'engager pour 3 ans de thèse ou d'intégrer directement une entreprise après le Master est parfois au coeur de leurs préoccupations. Il s'agit ici de s'interroger sur son appétence pour les études de R&D fondamentale (souvent qualifiées d'originales) par rapport aux études en développement d'ingénierie réalisées dans le secteur privé. En effet, bien que les carrières réalisées dans le secteur privé soient financièrement plus valorisantes que celles du secteur public, celles-ci ne sont pas automatiquement plus épanouissantes. Tout dépend des aspirations et intérêts personnels de chacun. Une chose est certaine, le choix d'une thèse n'est pas incompatible avec une carrière dans le privé plus tard. Par contre, l'inverse est plus compliqué.
En conclusion, nos universités et nos écoles doctorales recèlent de jeunes talents dynamiques et motivés, qui ne demandent qu'à s'exprimer. Avec plusieurs années d'activités à ce jour, les initiatives comme le Réseau Biotechno et l'association Doc'Up contribuent à créer une synergie positive au sein de cette pépinière de matière grise. Nos entreprises peuvent se réjouir de cette ressource disponible.
Eurêka C.I a fait le pari de soutenir nos graines de chercheurs, car nous voulons croire que les prochains GAFA et directeurs R&D sortiront de nos écoles doctorales. Quand ils se révèleront, nous serons à leurs côtés en matière de management stratégique et financier de l'innovation.
Kevin NJIFENJU, PhD | General Manager @ Eurêka C.I
Eureka Innovation Press | ERK IP 01.18 | 20 avril 2018